Haïku & Co

 

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                                     Première partie

                                              Catherine Cordier-Marc

 

 

 

 

 

 

 

               027 r                                                                                         - 1 - 

Bonjour, 

 

je suis âgé de deux mois et demi à trois mois aux dires d'un véto. Je vous en reparlerai plus tard mais que de souvenirs déjà....

Nous étions trois, hébergés dans une petite écurie quand est arrivée celle qui s'occupait de nous accompagnée de deux êtres semblables à elle: un son rassurant provenait de l'un deux et piquait ma curiosité, je le suivis d'un coin à l'autre de l'écurie puis je le devançais. Et là, excusez mes souvenirs sont un peu confus: on me saisit, je me débats et me retrouve dans un truc assez sombre quoique confortable, douillet dirais-je même. Mais je reconnais toujours parmi les autres sons celui qui m'a attiré et cela me rassure un peu. Puis un autre drôle de bruit et une sensation bizarre, indescriptible qui dura, dura. Je tentais quelques petits cris mais rien n'y fit, juste le son comme un écho. Je finis par m'assoupir de fatigue et d'incompréhension.

Tout d'un coup, la lumière m'aveugle et le son résonne. Je sais maintenant que l'on appelle cela une voix, j'ai grandi depuis; trois mois selon le Véto !

Mais revenons à ce moment critique, inouï de mon existence: la lumière, les sons et la voix toujours là. Je décide alors de tenter une modeste sortie du truc. Et là BYZANCE !!

J'avais soif et je retrouve cette boisson que nous donnait celle qui s'occupait de nous et les mêmes choses croustillantes à me mettre sous la dent... Comme j'avais faim, cela me rassure un peu. Mais que c'est grand ici ! que de choses à voir...

 

<< - Ah bon, Corinne...

     - Oui Catherine, moi j'en ai recueilli trois, trois crevettes...Si tu les voyais... ADORABLES !!  Mais j'y pense: cela ne t'en dirait pas un? >>

Silence au bout du fil, je sens battre mon coeur un peu plus fort. Bien sûr, s'il ne tenait qu'à moi... Cela fait déjà quelques petites années que j'y pense. Mais je ne suis pas seule, Plus seule enfin. Que pourrait-il bien en dire, lui? Lui qui venait de taire l'arrivée dans une maison voisine de ces êtres chers jusqu'à ce qu'ils soient adoptés... Comme ça, plus de tentation possible pour Catherine. Alors sors de mes lèvres un timide:

<< - Faut que j'en parle, mais tu sais, on en a déjà une...Bon, on se tient au courant!

     - D'accord Catherine, je t'embrasse, à bientôt. Au revoir, au revoir... >>

La voix de mon amie s'éteint doucement dans l'écouteur et je sens une lumière nouvelle éclairer mon regard. Et pourquoi pas?

 

 

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Il a encore fallu que je dise oui ! Faut-il que je l'aime... Un voyage de deux heures trente pour aller chercher une boule de poils...Dire que j'aurais pu m'épargner cela ! Y en avait juste à côté. Bon, C'est l'occasion pour elle de voir son amie aussi...

 

J'en reviens pas, il a dit oui !!  Mais qu'est-ce que cela va donner? S'il faisait trop de bêtises, comment réagira mon cher Alain? Et si mon asthme s'aggravait... Je n'ose y penser... Le redonner: IMPOSSIBLE, même si je ne le connais pas encore. Bon, on avisera. Il y aura toujours bien une solution.

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Et la voiture roule, roule sur une route tout en virages et en boucles dans un paysage verdoyant mais à peine observé par ses deux passagers occupés par leurs pensées respectives.

<< - On va prendre la même route pour rentrer? dis-je inquiète.

     - Pourquoi? demande Alain.

     - Cela ferait peut-être trop long, trop de virages pour un premier voyage, tu crois pas? Y a pas plus direct? J'ai peur qu'il soit malade pour une première fois. >>

Pas de réponse, mais je ne m'inquiète pas. Je sais qu'il est en train de réfléchir...

 

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Le GPS nous informe que nous sommes bientôt arrivés: quelle invention! Et quelle émotion, celle de revoir une amie chère, de mieux faire connaissance avec son mari, sa famille... et la crevette comme elle dit. Autre sujet de préoccupation sur trois en choisir une... Comment cela va-t-il se passer? Choix cornélien... Attendre un peu la fin de la journée pour y être confrontée, un peu avant le retour, attendre...

Heureusement, je ne suis pas si inconséquente que l'on pourrait le penser ! Et même prévoyante car nous attend au portail une famille Chien (une partie)... Discrètement je prends ma ventoline... Pourvu que cela aille... Et voilà mon amie, accueillante et chaleureuse mais un peu cachottière: en fait, c'est cinq chiens qu'elle a ! Que de poils pour moi ! Heureusement tous ne sont pas là... Je devrais tenir la journée...

Evidemment au cours du repas, on vient à parler du choix. Corinne essaie de nous décrire les trois crevettes et leur tempérament différent dont une plus sauvage et timide que les deux autres. On verra bien le moment venu, dis-je pour conclure. Attendre encore un peu tout en profitant de cette journée amicale. L'après-midi touche à sa fin et Corinne nous propose d'aller les voir... Alors en route...

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Nous voici devant une porte que Corinne ouvre doucement, tendrement dirais-je...

La lumière fait apparaître trois paires de prunelles interrogatives. Effectivement deux s'approchent de mon amie, se frottent à ses jambes tandis qu'une troisième, peut-être plus timide, regarde la scène de loin à l'abri d'une poutre. Nous discutons... Comment choisir ? Pourquoi l'une plus que l'autre?

Mais déjà une boule de poils est sur mes pieds avec de grands yeux curieux... Je me déplace sans trop porter d'attention afin d'aller à la rencontre des deux autres. Pas moyen d'approcher Madame ou Monsieur Timide; une des crevettes gris clair se laisse porter avant de retourner à ses jeux tandis que celle gris foncé me suit, me devance et semble écouter le son de ma voix. De longues minutes passent: d'autres tentatives vaines se succèdent alors que la boule de poils gris nuit semble dire " Hé ! Je suis là, moi ! "

Le coeur un peu serré de ne pas prendre la fratrie, je regarde Alain et lui dit:

<< - Apparemment on m'a choisie >> en lui montrant les prunelles dorées. Il acquiesce. On se regarde et puis on s'observe à trois. Un soupir précéde la décision: << - donc lui Corinne >>. Mais au moment de saisir Boule de poils, voilà qu'il se débat comme un  diablotin et me griffe la base du cou... Emotion perceptible chez Corinne: << Tu es allergique !!! >>. Alain, philosophe et très calme lui demande si elle a du désinfectant... Boule de poils dans la caisse de transport, nous voilà repartis chez elle et là, séance de soins. Ainsi, cette boule de poils entre dans notre vie...

 

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Tiens, c'est frais sous mes pattes, ah voilà qu'on veut me porter à nouveau... Trop fatigué pour résister et je suis repu faut dire. Oh mais ce n'est pas si désagréable: comment décrire ? Une douce sensation, c'est chaud, confortable. On me dépose sur ce que vous appelez un CANAPE. Là aussi, c'est douillet. Mais je ne tiens pas en place: besoin de me dégourdir les pattes et trop de choses à voir, à sentir, à explorer. On me lance un drôle de truc et me voilà en train de virevolter, de bondir, de jouer quoi !

Alain, rassurant, constate: << - Tu vois, il a supporté le voyage. Il est en pleine forme.

 - Apparemment, il a compris pour la litière. >> dis-je inquiète de la première nuit du diablotin dans notre salon où nous l'avons installé. Pourvu que l'on ait pas trop de surprises le matin, faudrait pas qu'Alain regrette sa décision. Ce serait catastrophique...

 

C'est pas trop tôt, les voilà ! Il est temps, il pleuviote. Vite au chaud, les amabilités plus tard. Pourquoi ont-ils sorti ma caisse , Pas le moment de rester là... Allez, quelques croquettes, un peu d'eau... Pas moyen de manger tranquille... C'est quoi ce remue-ménage en bas... Allons voir... Non ! Je n'en crois pas mes yeux: qu'est-ce que ce truc gris ? Approchons... Mon odorat doit être défaillant... <<< FFFichtre un petit !!! >> Si c'est ça la dernière nouveauté du jour, je regagne mon panier ! Non mais...

<< - Et bien, ce n'est pas gagné ! >> Alain et moi rions de bon coeur devant cette rencontre entre Boule de poils et Titounette. Nous décidons d'aller nous coucher.

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Quelle heure est-il donc ? Le réveil affiche un modeste six heures du mat'. Un peu tôt pour se lever, un dimanche surtout et surtout si vous me connaissiez mieux... Je me retourne, me recale dans le lit ; non ça ne vient pas. Que se passe-t-il en bas ? Rien ou un cataclysme ? Rideaux déchirés, pots de fleurs renversés, terre éparpillée et j'en passe... N'y tenant plus, je rassemble mes idées, me lève discrètement et descends à pas de loup l'escalier le coeur palpitant. 

Naturellement la porte grince, j'entre, lumière: et là, Boule de poils tout endormi, s'étire sur le canapé et vient à ma rencontre comme si de rien n'était... J'inspecte la pièce: Tout est en ordre ! Premier défi réussi ! Bien, bien, un verre de lait pour fêter cela avec Boule de poils, boule d'amour sur les genoux en train de ronronner, moment privilégié de la journée quand la maisonnée dort encore, moment qui deviendra rituel, quotidien. Soyez rassuré, pas forcément si tôt (hum, hum).

 

Dix heures du matin:

<< -  Si je comprends bien, tu nous invites pour voir le chat chat?

     -  Ah ! Si vous voulez, bien sûr...

     - On amène des saucisses, des merguez et on se fait un barbecue " électrique " ?

     - Ok, à tout à l'heure, alors...

     - Des caresses au chat chat. >>

 

Onze heures trente: sonnette:

<< - Bonjour, le chef est là ?

       Tiens , c'est pour toi, dit Georges à Alain en lui tendant une bouteille d'un bon breuvage.

      - Venez prendre l'apéro... Mais si, des amis viennent manger. Vous les connaissez... >>

Et c'est ainsi que pour la Saint Alain, Catherine, Alain, Raine, Bertrand, Lucie, Georges et Jacques sont réunis, partagent l'apéro en l'honneur d'Alain mais aussi de Boule de poils qui ne les quitte pas d'une patte, ne se montrant pas apeuré une minute, centre d'intérêt et de discussions pour tous et même de jeux. Incroyable comme un adulte peut jouer au bouchon avec un chaton... Une heure passe vite à ce rythme là !

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<< - Alors, comment l'appelles-tu ? me demande Alain.

     - Je ne sais pas encore. Laisse moi  un peu de temps pour voir, l'observer... Tu crois qu'il sera aussi intrépide que Titounette ?

     - Pourquoi ? s'exclame Alain.

    - Tu te souviens quand on l'a retrouvée chez le voisin à côté ? >>  Silence, Alain réfléchit.

J'insiste: << - Mais si tu avais dû prendre une grande échelle...

                      - Ah, je me souviens.

                      - Je n'étais pas fière. Elle ne te connaissait pas depuis longtemps... Deux, trois mois peut-être.

                     - Oui, elle était grimpée tout en haut de la faîtière chez M. Mangin. Elle était bloquée entre deux poutres: elle ne pouvait plus ni avancer, ni reculer. Elle n'osait pas sauter... Elle était à quatre mètres du sol !

                     - Heureusement, on a entendu ses miaulements de détresse, dis-je ressentant le même soulagement qu'à l'époque.

                     - J'ai dû emprunter l'échelle double de Guy. Du coup, presque tout le voisinage était là. Et toi, tu as voulu monter dans la grange pour m'assister et après tu ne pouvais plus redescendre seule... sourit Alain.

                     - Ben oui, j'avais trop peur pour toi vu la hauteur et la situation, que Titounette se débatte une fois dégagée et prise dans tes bras tout là haut.

                    - Sacré Titounette, et bien non. Elle s'est bien calée contre moi... Mais une fois en bas de la grande échelle, pfff... Vu le monde, elle s'est enfuie plus vite qu'un éclair. On l'a retrouvée devant la porte chez nous. Et elle n'a pas demandé son reste... Direction le PANIER. >> conclue-t-il avec humour.

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<< - Alors comment tu l'appelles? >>

Et bien non, pas de nom pour ce chaton. En tout cas, pas pour le moment.

Comme j'ai bien dormi... Chouette, il y a à boire et à manger.

( Il faut que je vous dise: au moment où j'écris sur la table de la salle à manger, ce cher "Monsieur Chat", âgé de six ans maintenant, s'est allongé de tout son long sur mes feuilles, ronronne à sa façon à peine audible et essaie évidemment d'attraper mon stylo. Cela mériterait une photo. Je ne vais quand même pas réveiller Alain à six heures trente du matin, pour récupérer l'appareil photo dans la chambre. De toute façon, il bougera si je bouge. Mais pour l'instant, qu'est-ce que je suis bien de tout mon long sur le dos à me faire caresser ! En effet, pour qu'il me laisse écrire, je le caresse dans le cou avec la main gauche ! Ah, mais j'ai mon portable sous la main... Pas évident mais clic clac dans la boîte.)

 

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Revenons au tout premier matin à la maison:

Chouette, il y a à boire et à manger. Je me détendrais bien un peu les pattes. Oh! Une porte ouverte. J'irais bien voir. Du gravier roule sous mes pattes, j'avance prudemment. Et si j'allais voir là haut. Quelle belle couleur ! Des odeurs à profusion... Qu'est-ce que c'est tout ça ?

<< - Alain, où est l'appareil photo ? Il va dans le jardin. >>

Chouette! Elle me suit. Je m'enhardis. En route pour l'exploration !

<< - Merci pour l'appareil photo, Alain. Où était-il ,

     - Là où tu l'avais laissé la dernière fois... >> me répond-il.  Toujours ses réponses sybillines, pensais-je.

Il me le tend, je le saisis et rejoins Boule de poils dehors. Je le vois s'avancer timidement. Quelle découverte cela doit être pour lui ! Il hume chaque brin d'herbes, marche lentement et inspecte avec attention notre carré de jardin. L'occasion pour moi de faire quelques clichés à distance, attendrie par la situation.

 

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Hop, on me saisit (encore), me pose dans une boîte et bientôt le drôle de bruit du premier jour se fait entendre... Puis de drôles d'odeurs sautent à mon museau. Enfin, la boîte s'ouvre et me voilà sur du frais. On me palpe de tous les côtés. Sensations bizarres. Et j'entends à nouveau des voix dont celle qui me rassure. Alors je me laisse faire. J'apprends qu'il s'agit du Véto...

On me replace dans la boîte. Je pense que c'est fini. Loin de là! De retour vers mes croquettes et mon bol d'eau, je croyais être tranquille. Que nenni!

 

On me laisse à peine le temps de me sustenter que je me retrouve dans les airs, sur une table. Et cela recommence. On me maintient et me penche la tête de tous les côtés: et Zou je sens du froid dans mes oreilles. Plop mes yeux sont aveuglés. Enfin, on me laisse tranquille. Mais cela recommence le matin et le soir, rendez-vous compte...Un long moment encore.

 

Je reconnais cela valait le coup car au fil des jours, mes oreilles me grattent moins et mes yeux aussi me piquent moins. Je me tiendrai alors tranquille durant ces séances là...

 

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<< - Dis, il ne va jamais avoir de nom ce chat ?! s'exclame Alain un matin.

 

- Justement j'allais t'en parler...Ce matin en me réveillant m'est venu quelque chose. Je ne sais pas ce que tu vas en penser... (j'hésite).

 

- Et bien vas-y, dis voir...?

- C'est à dire que sa venue chez nous et tout le reste, comme il est: c'est tout un poème... un haïku....

Silence d'Alain, surpris:

- Et alors?

- Ben, Haïku! Qu'en penses-tu?... Haïku, tout un poème..

- Cela tombe bien, c'est l'année des H. Si tu avais voulu le faire... >> me réplique Alain souriant.

 

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<< Ho! Regarde ta Titounette; on dirait qu'elle médite...>> me fait remarquer Alain.

 

«  On ne connaît pas sa chance avant de l'avoir perdue. »

On était pas trop mal avec Catherine. Il y a bien eu des difficultés à surmonter mais depuis que nous sommes ici, j'étais pas trop mal. Pas de soucis pour la nourriture donnée chaque jour, un terrain de chasse intéressant, des calins quand je veux, un toit pour me protéger...

 

Et ce Alain, je m'y fais, pas si terrible que cela. J'ai toujours tendance à me faire une montagne d'une colline. Voilà, tout a une fin. Il a fallu qu'ils en ramènent un à la maison.

 

Bien heureusement, il y a un étage. Comme il est en bas la plupart du temps, je suis en haut tranquille sur un lit douillet. Et quand il monte à l'étage, et bien je vais prendre l'air...

Que voulez-vous que je fasse avec un « mioche » comme ça?

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J'ai cinq mois maintenant! Deux mois cela compte dans la vie d'un chaton. Tous les jours, j'en apprends et je joue, rassurez-vous... J'ai eu quelques petits problèmes de santé le mois passé.

Retour chez le Véto: je n'ai pas pu faire autrement que de me laisser faire une fois à la maison.

Imaginez-vous: on me place dans la caisse, à côté de celle-ci une gamelle brûlante, une grande serviette recouvrant le tout et me voilà dans le noir pour une drôle de séance: on m'enfume. Berk! Matin et soir! Et pas qu'un jour... Mais bref, cela m'a fait du bien.

 

Sinon la vie est bien agréable: on me sert à manger, on me fait des calins, on m'ouvre les portes, on me soigne donc, on joue avec moi aussi... Que demander de plus!

 

Ah si, il y a un hic. Si j'ai bien compris, elle s'appelle Titounette.Pas très avenante celle là. Je me demande si elle ne m'évite pas tout le temps. Quand je suis à un endroit, elle s'arrange toujours pour aller faire autre chose... Mais je m'en moque. Oui, j'ai l'essentiel!

 

Innocent que je suis, je ne me doute pas que l'on me prépare une surprise, une surprise de taille!

 

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<< - Hé Ho! Alain, ça y est, je suis rentrée...

Tu ne devineras pas la meilleure... Il faut que je te raconte quelque chose. Viens! >>

 

Alain s'approche de moi. Nous nous asseyons pour prendre le thé.

 

<< - Tu sais, cet après-midi, je devais recevoir l'éducatrice canine au travail.

 

  • Ah, comment cela s'est-il passé ?

 

  • Et bien,j'étais inquiète. Tu sais que moi et les chiens... surtout s'ils sont grands! Donc j'attendais à l'heure prévue l'éducatrice canine, me demandant quel chien cela allait être...

 

  • Alors, mon angoissée de première?

 

  • Quand je les ai vu arriver, je me suis dit « qu'est-ce-que c'est ce chien?... » En fait, c'était une chienne. Si tu l'avais vu? Avec les résidents, incroyable!

 

  • C'est à dire?

 

  • Lorsque les gens étaient réactifs à sa présence, elle aussi et proportionnellement... Lorsqu'ils étaient alités, on pouvait en toute confiance l'allonger auprès d'eux. Ainsi ils pouvaient avoir un contact, la caresser.. Et moins les gens étaient autonomes, plus elle était calme, etc etc >>

 

Pour une fois, je saoulais peut-être Alain avec mes paroles. Vient l'heure du repas, puis du début de soirée. Je n'avais qu'une idée en tête: cette fameuse chienne.

 

<< - Alain, je pourrais peut-être te montrer quel genre de chien c'est, en faisant une recherche sur internet? >>

 

Alain surpris, finit par acquiescer et nous voilà devant un écran à regarder des photos de chiens semblables à celle qui m'avait bluffée. Moi qui avait toujours été chat!

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Souvenirs, souvenirs...

Je dois avoir une douzaine d'années.... Avec mes parents nous habitons un appartement dans un petit immeuble d'un quartier de Valentigney, une cité HLM où la plupart des gens travaillent pour l'entreprise Peugeot de Sochaux. Des bus affrétés par l'entreprise viennent chercher les ouvriers et les ramènent. Entre autres commerces, un Ravi est sur place (commerce Peugeot). Il nous arrive de dire «  on est ravi d'aller au Ravi... » hum! Ou encore: «  on travaille Peugeot, on mange Peugeot, on dort Peugeot... ».

 

A l'époque, de très nombreuses nationalités se cotoient. De nombreux terrains de jeux existent pour les enfants: aires de jeux prévus et celles que l'on s'invente: caves, pieds d'immeubles et forêt. Oui, à la périphérie du quartier se dresse une forêt, propice à la création de nombreux scénarios de jeux. Et les fameuses constructions de cabanes... Cette forêt n'a pas de sentier inconnu pour moi. Elle est le lieu de « folles équipées » toutefois bien sages, pour les enfants que nous sommes. Quand arrive chez nous, une minette, Musique.

 

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Pour moi, il n'est plus que normal de l'emmener en forêt. Quelles expéditions!

 

Je me prépare un petit sac avec à boire pour elle et moi, mon goûter et j'en passe. Nous voilà parties. Je la porte et la serre très fort dans mes bras de peur qu'elle ne se sauve dans le quartier qu'elle ne connaît pas. Nous traversons la rue au pied de l'immeuble, longeons deux, trois bâtiments et nous voilà à la lisière de la forêt. Là, je pose sur le sol Musique équipée d'un collier, d'une laisse et d'une très très grande ficelle...

Une promenade d'une à deux heures commence: moi, suivant Musique qui peu à peu s'enfonce dans la forêt. Patiemment, je la laisse aller à son rythme, profitant aussi de la quiètude des sous-bois. J'aime penser qu'un lien se crée entre nous. Puis il est temps de rentrer, je raccourcis la ficelle, et fais reprendre comme je peux le chemin du retour à Musique. A la lisière de la forêt, je la reprends dans mes bras tout aussi inquiète qu'à l'aller. Je m'empresse de traverser le bitume pour regagner notre appartement. Soulagée, ravie, je relate notre équipée à Maman.

Jusqu'au jour où sur le chemin du retour, je remarque à la lisière, un petit attroupement de jeunes avec des mobylettes... Je décide alors que c'est la dernière balade seule avec Musique dans les bois...

 

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Les semaines passent. Régulièrement le mercredi j'accompagne l'éducatrice canine et sa chienne Zézé avec le même plaisir. Puis un mercredi, elles ne sont pas venues, pas de nouvelles ni d'explications. Je finis par me faire une raison.

Les semaines passent. Coup de téléphone au travail: la secrétaire m'explique que l'éducatrice canine veut me parler. Etonnement de ma part mêlé à un sentiment de curiosité. Allaient-elles revenir?

<< - Bonjour Catherine, c'est Sonia. Je t'appelle parce que j'ai pensé à toi. Je dois me déssaisir de Zézé. Je commence une formation et je vais devoir me déplacer souvent dans d'autres régions.>>

 

J'en reste bouche bée, ne comprenant pas tout de suite le sens des mots prononcés par Sonia ou ne voulant pas entendre.

 

<< - Qu'est-ce que tu en penses? J'ai pensé à toi.>>

Je me « reconnecte » et balbutie:

<< - Je n'ai jamais eu de chien, j'ai toujours été chat...Je ne saurai peut-être pas m'en occuper. Et je ne suis pas seule. Il faut que j'en parle à mon mari. Un chien c'est pas comme un chat... Il faut que je réfléchisse.>>

 

Alors échanges de coordonnées... Le soir, retour à la maison avec un sacré sujet de discussion... De plus, il n'y a pas si longtemps, n'avons-nous pas accueilli un chaton... Ah la la...

 

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Tit et haikuBon, on va peut-être pouvoir en faire quelque chose du petit, pense Titounette.

Il a l'air assez débrouillard, un peu peureux... Mais c'est une chance: toujours se méfier des bruits inconnus ou imposants... Finalement je m'y fais. Allons en expédition avec lui. Si on m'avait dit un jour que... Je ne l'aurais pas crû.

«  Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. » Mark Twain

Je m'en vais parfaire son éducation. Pas besoin d'aller bien loin au début. Allons dans le jardin du voisin, nous serons plus tranquilles. Je vais lui montrer comment escalader le grillage.

 

<< Alain, regarde! Haïku essaie de grimper le grillage pour aller chez Monsieur Mangin. Il suit Titounette.>>

Perplexes, nous observons Haïku... La troisième tentative est la bonne, il est au-dessus du piquet et Hop se retrouve chez Monsieur Mangin.

 

<< - J'espère qu'elle ne va pas l'emmener sur la faîtière pour s'en débarasser....>> plaisante Alain.

 

Et les deux chats ont disparu de notre vue...

 

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Le fil des souvenirs m'entraîne plus loin encore:

 

Chouette! Papa est là.

Il est 16h30, la journée d'école est finie. Papa m'attend devant l'école avec sa 404 Peugeot... Direction Beaucourt... Nous allons rendre visite à ma grand-mère qui vit dans une cité ouvrière. Elle habite dans une petite maison avec un jardin potager. Avec papa nous nous y rendons au printemps régulièrement car il l'aide à entretenir le potager, sans parler des lapins, des poules et même du coq. Mais ce sont d'autres anecdotes.

 

ET l'un de mes plaisirs à ces moments là est de m'installer au soleil sur les petites marches à l'entrée de la maisonnette avec... sur mes genoux et si... son siamois qui ronronne à tout va sous mes calins. Mémére m'amène une tranche de pain avec du chocolat. Que demander de plus?

 

 

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<< - Mais tu ne penses pas à une chose, me dit Alain.

 

  • Laquelle? Rétorquais-je inquiète.

 

  • Pour ma part, j'ai eu des chiens. >>

 

Et comme il sait bien le faire, il laisse un silence s'installer. J'ajoute  "c'est une grande responsabilité et patati patata... ", énumérant tout ce qui pouvait freiner l'accueil d'un chien tout en pensant: Oui, mais c'est Zézé!

 

Finalement nous sommes d'accord pour que je recontacte Sonia et convienne avec elle d'un rendez-vous pour qu'Alain rencontre Zézé. A peine arrivée chez Sonia, Zézé me fait la fête mais ne dédaigne pas Alain. Nous nous installons sur un grand canapé. Et là, elle saute sur le canapé entre nous deux, pose ses pattes avant sur Alain tout en frétillant!

 

Nous discutons longuement avec Sonia, Zézé n'en a plus que pour Alain. Puis nous nous préparons à partir. Dans ma tête, il était clair qu'Alain et moi allions en discuter calmement une fois rentrés à la maison pour informer ensuite de notre décision Sonia.

 

Quand j'entends Alain déclarer sur le pas de la porte: «  Quand est-ce qu'on peut la prendre? »

Je suis saisie de stupéfaction. Sa décision était prise et son ton irrévocable.

Ainsi peu de temps après l'arrivée d'un chaton Haïku, nous allions nous préparer à recevoir une chienne Ezékiel dite Zézé!

 

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                                                  Deuxième partie

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Ah, cette Catherine...

Cinq heures de route pour un chat ! Bref, c'est du passé. Et maintenant cette histoire avec cette chienne deux mois après... Faut dire qu'elle est craquante. Et bien oui, j'ai craqué ! J'ai bien vu la surprise dans les yeux de Catherine mais on n'allait pas tergiverser cent sept ans ! Je sais bien que je m'étais juré : «  Plus de chien ! ». Mais elle a l'air tellement adorable.

Bon, il va falloir s'organiser : trouver quelqu'un lorsque l'on travaille pour ses sorties ; quand on part en vacances et tout le reste...

Dans quoi me suis-je engagé ? Dire qu'il faut attendre un mois...

 

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Alors Petit, tu vois, tu y es arrivé.

« Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles. » Sénèque

Il est tant que je te fasse découvrir les alentours. Allez en route...

Là, tu vois, je te conseille de ne pas trop t'aventurer dans cette maison. Restons plutôt dans le jardin. Maintenant, fais-toi discret : pattes de velours, yeux de lynx, oreilles aux aguets et truffe au vent. Entends-tu quelque chose ? Le moindre bruit, la moindre odeur peuvent se révéler intéressants, voire très intéressants, ainsi que le moindre mouvement...

Pattes de velours, j'ai dit ! Ne bougeons plus. Regardons, écoutons... Oh ! Ne bouge plus ! Deviens invisible...

 

Pas très causante, mais quand elle explique quelque chose, c'est clair et direct. Mais que c'est dur ! Ne pas bouger... Qu'est-ce-qu'elle veut dire par «  deviens invisible » ?

Oh ! Les herbes là ! Ça bouge... Vite ! Hop ! Zut ! Rien ?

 

Je t'avais dit : « Ne bouge plus ! Impatient ! Bon, cela suffit pour le moment, rentre si tu veux. Je vais plus loin mais ne me suis SURTOUT pas !

 

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Avec Alain, nous sommes dans un magasin en quête d'accessoires.

Ce n'est pas le tout : pour accueillir Zézé, faut ce qu'il faut. Déjà pour ne pas déranger ses habitudes et par précaution nous regardons les caisses de transport. En effet, Sonia nous a expliqué que depuis toute petite Zézé a l'habitude de dormir dedans. Et si on devait s'absenter trois ou quatre heures, on pouvait l'y enfermer. Ceci nous avait laissé perplexes mais ne nous sommes pas éducateurs canins. Puis les gamelles, un collier, une laisse...

Quelles difficultés devant tous ces choix dans ce magasin. Heureusement, nous sommes bien conseillés. Je commence à réaliser la venue prochaine de Zézé à la maison.

 

Je me souviens de la première rencontre quand elle arriva avec Sonia à la maison de retraite. Je fus peu à peu conquise au fil de l' après-midi. Comment ne pas l' être : tour à tour elle s'est montrée calme, enjouée, stoïque, frétillante suivant les personnes. Oh, mais je crois vous l'avoir déjà dit. Vous commencez peut-être à comprendre : ce fut un coup de cœur...

Et je me rappelle que lorsque l'on regardait avec Alain des photos de Bull Terrier Stafford Shire, je m'étais dit «  peut-être que tous les chiens de cette race ne sont pas comme elle... ».

J' étais loin de m'imaginer... Mais maintenant que cela va-t-il donner avec Haïku et surtout Titounette ?

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<< Alain, Alain, viens voir... Regarde où est Haïku ?

Que se passe-t-il ?

Regarde, Haïku est en haut du tilleul là devant la maison.

Oui, c'est un chat... dit Alain, laconique.

Est-ce-qu'il va pouvoir redescendre ? C'est pas sûr... J'en ai connu, ils grimpent mais pour redescendre...

T'inquiète pas ! C'est un chat.

Je t'assure, je t'ai déjà parlé de Musique chez mes parents...

Oui, je crois et alors ?

Elle ne sortait jamais mais une fois, on ne sait pas si elle est tombée du balcon par maladresse... On la cherchait partout dans l'appartement sans la trouver, quand en levant la tête devant la porte-fenêtre de la cuisine, je la vis dans l'arbre juste en face, cramponnée sur une branche et l'air pas très rassuré.

Elle n'est pas redescendue ?

Non. J'ai eu beau l'appeler au pied de l'arbre, rien n'y fit. Maman a téléphoné à mon frère qui habitait Montbéliard. Il est venu avec une grande échelle trouvée je ne sais où, et il a fallu qu'il l'attrape. Pas évident, car Mademoiselle au fur et à mesure qu'il s'approchait, trouvait rien de mieux que d'aller plus haut sur les branches plus fines. Tu vois la scène ?

Il ne râlait pas trop ton frère ?

Sais pas, mais heureusement il y est arrivé et sans dommage. Tout est bien qui finit bien comme on dit.

Mais regarde Catherine, ça va aller, il redescend tout seul.

Ah oui, peut-être que Tit' lui a montré... >>

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C'est le jour J. Nous allons chercher Ezékiel !

Nous suivons les indications de Sonia. Pas un mot dans la voiture, chacun est perdu dans ses pensées.

 

Les miennes vagabondent : je n'ai jamais eu de chien... Comment cela va-t-il se passer ? Va-t-elle s'adapter à son nouveau milieu, à sa nouvelle vie ? Est-ce que je vais savoir me faire obéir alors que je ne connais que les chats ? Bon, Alain a déjà eu des chiens. Serai- je à la hauteur ? Et ce n'est pas le tout... Tit' a l'air de s'apprivoiser avec Haïku, un équilibre apparaît. Comment vont-ils réagir devant ce nouvel intrus ? Sonia a essayé de nous rassurer en nous expliquant que Zézé s'adaptait vite. Peut-être mais n'aurait-elle pas l'ennui de sa maîtresse ? Et si... Et si...

Et cela recommence, vire et retourne...

 

Soudain, Alain me dit que l'on doit être arrivé... Tout s'enchaîne rapidement : et nous voilà déjà dans la voiture avec Miss Ezékiel, à mes côtés sur la banquette arrière...

Nous arrivons à la maison, Alain décide d'aller faire un petit tour avec Ezekiel pour qu'elle puisse se dégourdir les pattes et découvrir les alentours. Je les accompagne car je ne veux pas manquer cela !

Et là, on dirait que Zé a toujours été avec nous. Agréable à promener : elle ne tire pas sur sa laisse, n'aboie pas quand on rencontre d'autres chiens, qui eux ne sont pas silencieux du tout...

Et là plus fort, quand on rentre dans la cour de la maison, Alain lui enlève sa laisse : elle va directement à notre porte sans hésiter... Une fois la porte ouverte, elle n'hésitera pas longtemps aussi pour monter sur le canapé, qui dès lors devient le sien...

 

Titounette rentrant du jardin, marque un temps d'arrêt dans le salon, remarque la nouvelle arrivante et Pff s'empresse dans l'escalier pour monter à l'étage. Il deviendra dès lors, encore plus qu'avant, son antre.

Haïku, du haut de ses cinq mois, reste stoïque, incrédule peut-être et monte sur son fauteuil pour observer en toute sécurité cette étrangère...

 

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C'est étrange ce quatre pattes... Je n'en ai jamais vu de pareil... Il roule des mécaniques en plus ! Dans un premier temps, je vais observer. Puis je tenterai peut-être une approche...

 

Pour une surprise, c'est une surprise ! Ils m'ont déjà ramené un mouflet, maintenant voilà un chien ! Est-ce -qu'il monte les escaliers ? Mais qu'est-ce-que je leur ai fait ?

 

«   Regarde Catherine, cela ne se passe pas mal. Tit' à l'étage, Haïku sur le fauteuil et Zézé n'en fait pas cas...

Tu crois ? Attendons de voir... Il va falloir monter les gamelles de Haïku à l'étage sinon Zézé risque de s'en occuper... »Aussitôt dit, aussitôt fait.

 

«  Et voilà ! On en a trois... un chaton, une chienne de trois ans... Au fait, quel âge a Titounette ?

Oh ! Attend … Il faut que je réfléchisse. Est-ce que je t'ai déjà raconté pour sa naissance ? J'y ai assisté... Je voulais rendre visite à Papa à Valentigney et la chatte que j'avais à l'époque attendait une portée. Elle me semblait bien proche de mettre bas. Alors je décidais de l'emmener, on ne sait jamais. Effectivement, un après-midi, alors qu'elle était sur le lit de ma chambre, je compris que la naissance était proche. Je venais régulièrement la voir, espérant que cela se passe bien. Quand tout d'un coup, ce fut le moment : je vis naître un premier chaton minuscule. Contrairement à mon attente, ce fut le seul.

A ma surprise, sa mère se montra indifférente et l'ignorait. Décontenancée, je décidais de lui présenter et insistais doucement mais fermement pour qu'elle s'en occupe. Au bout de longues minutes pour moi, elle commença à la lécher, la nettoyer, la cajoler. Et je vis la toute petite boule de poils têter peu à près. Ouf !

Tu ne vas pas me croire, le reste de la portée est né lorsque je fus rentrée dans l' Yonne quelques jours plus tard... Je ne m'y attendais plus. Et, il est vrai que celle que j'allais appeler Titounette était d'un petit gabarit par rapport aux autres.

Alors, cela fait... Voyons... Attend, c'est noté sur son carnet de santé, c'est noté : 2005. Donc elle a sept ans.

 

 

 

 

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Comme nous avions dû commander la « caisse », les premières nuits Zézé a dormi dans la grange.

Dès le premier matin, force est de constater que Zé ne montre pas de signe de dépaysement et a pris ses marques tout naturellement, comme si elle avait toujours été là. Bon, il y a des chats mais sans plus, Zé a l'air de trouver normal leur présence. Haïku est plus intéressé que Titounette qui veut se montrer indifférente.

Haïku est même très intéressé quand on donne son repas à Zézé. Il n'hésite pas ( seulement cinq mois) à s'approcher des gamelles quand Zé mange. Heureusement, elle ne dit rien. Nous guettons... Mais elle est patiente avec cette Boule de poils qui lui tourne autour. Nous sommes soulagés car nous n'oublions pas sa mâchoire puissante, jusqu'au jour où nous observons Zézé déposer délicatement une croquette sur le sol devant Haïku, là nous sommes en toute confiance...

Haïku saura se montrer reconnaissant avec Zé. En effet, un soir, nous sommes surpris par un bruit inhabituel venant de la cuisine. Nous n'en croyons pas nos yeux devant la scène : Haïku sur le plan de travail observant Zé entrain de lécher un pot de yaourt ! Il n'avait pu que le lui lancer. Il faudra quand même être prudent avec ses deux nouveaux amis.

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Comme nous avions dû commander la « caisse », les premières nuits Zézé a dormi dans la grange.

Dès le premier matin, force est de constater que Zé ne montre pas de signe de dépaysement et a pris ses marques tout naturellement, comme si elle avait toujours été là. Bon, il y a des chats mais sans plus, Zé a l'air de trouver normal leur présence. Haïku est plus intéressé que Titounette qui veut se montrer indifférente.

Haïku est même très intéressé quand on donne son repas à Zézé. Il n'hésite pas ( seulement cinq mois) à s'approcher des gamelles quand Zé mange. Heureusement, elle ne dit rien. Nous guettons... Mais elle est patiente avec cette Boule de poils qui lui tourne autour. Nous sommes soulagés car nous n'oublions pas sa mâchoire puissante, jusqu'au jour où nous observons Zézé déposer délicatement une croquette sur le sol devant Haïku, là nous sommes en toute confiance...

Haïku saura se montrer reconnaissant avec Zé. En effet, un soir, nous sommes surpris par un bruit inhabituel venant de la cuisine. Nous n'en croyons pas nos yeux devant la scène : Haïku sur le plan de travail observant Zé entrain de lécher un pot de yaourt ! Il n'avait pu que le lui lancer. Il faudra quand même être prudent avec ses deux nouveaux amis.

 

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Nous voilà partis en balade à Fontenille, direction le Bourg Basson.

Arrivés dans un chemin forestier, Alain retire la laisse du collier de Zé ce qui m'inquiète tout de même. Va-t-elle rester près de nous, va-t-elle disparaître ? Ou pire se perdre ?

Les premiers mètres sur ce chemin, elle ne s'éloigne pas ce qui me rassure. Mais une fois rentrés dans la forêt, la voilà qui part et court dans les fourrés, en s'éloignant dans le sous-bois. Comme on ne l'aperçoit plus, mon coeur cogne...

Alain, imperturbable, marche calmement, tente de me tranquiliser et me convainc de continuer sur le sentier. Quelques longues minutes plus tard, il s'écrie «  Regarde ! » et me montre au loin une tâche blanche revenant dans notre direction... Zé donne l'impression de voler au-dessus des ronces et des branches tant elle saute haut par-dessus. Elle arrive rayonnante près de nous pour mieux recommencer quelques instants plus tard, jusqu'à ce que nous rejoignons le chemin du départ. En effet, nous faisons une boucle. C'est la première d'une longue série de promenades à trois dans les bois de Fontenille.

 

 

 

 

 

Apaisée sur l'attitude de Zé en balade à la suite de ces quelques promenades avec Alain, je décide de m'y risquer seule avec elle et j'emmène mon appareil photo.

Et comme à l' accoutumée : chemin de campagne égal retrait de la laisse... Et bien, Zé ne s'éloigne pas plus de dix mètres. Oh ! Une fleur : sortir l'appareil, installer le bon objectif, angle de vue, mise au point, enfin Clic ! Je me redresse : elle est toujours près de moi, l'air un peu intriguée... En revanche je me dis que dans la forêt, cela allait être plus fort qu'elle... Et bien non ! Toujours de cinq à dix mètres près de moi, peut-être perplexe de me voir tenir ce drôle de truc noir contre moi et de la faire patienter avant de reprendre notre périple... ceci jusqu'à ce que l'on rejoigne le chemin où je remets la laisse. De toute la promenade, elle ne s'est pas éloignée de moi. Je me demande ce qu'il se passe. Avec Alain, elle s'éloigne. Quand je suis seule, elle reste à mes côtés. Veillerait-elle sur moi ? C'est un moment de détente bien agréable avec Zé que j'apprécie et renouvellerai.

 

 

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« -  Ah ça y est, c'est l'heure de ta réunion. Bon, je vais finir les beignets. Mais que veux-tu manger en rentrant ?

- Pourquoi pas du poisson ?

D'accord, tu le sors pour qu'il décongèle. Je ne t'attendrai peut-être pas pour manger si cela tarde...

Tiens le voilà, où est-ce que je le mets ?

 

C'est vrai avec la préparation et la cuisson des beignets notre coin cuisine est bien encombré : plats en tout genre en attente des beignets ou bien remplis, ustensiles divers et variés...

 

«  - Là, sur la table, il y a un peu d'espace...

A tout à l'heure ! Bon courage.

Bon courage à toi aussi. »

 

Et me voilà de poursuivre : étaler la pâte, couper les beignets et puis hop : dans l'huile... les retourner, attendre et hop : les sortir. Miam. Que ça sent bon ! Et de recommencer... Le temps passe, et voilà qu'arrive les derniers. Une petite pause est bien venue.

Retour en cuisine, débarrasser, laver, essuyer, ranger... Cela creuse. Allez, au tour du poisson.

Alain, n'avait-il pas sorti du poisson ? On avait bien parlé de poisson pourtant. Rien sur la table, rien vers l'évier ni sur le plan de travail...Dans le frigidaire ? Il serait tombé ? Rien sous la table … J'ai beau regardé, scruté partout... Je ne vois, je ne trouve Rien...

Désappointée, je décide de cuire le riz quand j'entends la voiture d'Alain de retour.

 

«  - Ça va ?

Écoute, il y a un mystère poisson... »

 

Je lui explique mes recherches infructueuses, mon incompréhension et lui demande s'il avait bien sorti les filets de poisson. A son tour, je le vois regarder à gauche, à droite, inspecter les moindres recoins de notre petite cuisine... Quand tout d'un coup, à son expression, je vois qu'il a une idée : son visage s'illumine. Il se dirige vers la ''caisse'' de Zé, la fait sortir, farfouille dans la couverture et s'exclame :  «  Le mystère poisson est résolu ! » en sortant intact le papier essuie-tout sur lequel on avait posé les filets...

Nous sommes partis dans un grand éclat de rires imaginant Zézé prenant délicatement et discrètement le poisson sur la table sans laisser la moindre trace, puis surtout entrain de le déguster tranquillement à l'abri des regards dans sa ''caisse'', sans un bruit...

 

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Dsc 0013 rAu fil des mois et des années, Zé se révèle être une compagne fidèle, calme et posée se faisant remarquer quelques fois. Ainsi pour une fête pour nos cinquant-soixante ans, après le repas, alors que tous (nous-mêmes et nos convives) étant à l'extérieur, nous entendîmes ''Dilingschlickdiling''...(bruits de verre cassé)... Déboule dans l'escalier extérieur, une Zé, rapide comme l'éclair, un morceau de tarte au saumon dans la gueule ! Je me précipite en cuisine avec Alain et nous découvrons sur le sol les menus morceaux du plat d'une amie qui avait amené cette délicieuse tarte ! Zé craque vraiment devant le poisson. Elle a dû se hisser jusqu'à la table de la cuisine, et hop ! Dans la gueule ni vue, ni connue croyait-elle ?! Nous étions confus vis à vis de notre amie pour son plat. Mais tous, tout de même, bien amusés de voir arriver vers nous « une geule de tueur assis « sur un tonneau » comme la qualifiait une autre amie, la tarte de son délit entre les crocs.

 

C'est ainsi que les mois et les années passent ponctuées par la présence de ces trois adorables compagnons, donnant une tonalité particulière aux journées de par leur présence et leur tempérament.

Titounette nous a quitté à l'aube de ses dix-sept ans. Haïku s'est retrouvé perdu sans son ''professeur ''. Elle nous manque aussi. Très vite avec Alain, nous décidons qu'il il a de la place pour deux chats dans notre maison. L' histoire se poursuit, sans oublier Titounette.

Arrive Sweety, minette de six mois, retrouvée dans les bois qui est actuellement posée tranquille en face de moi. Elle me regarde écrire et m'écoute me relire.

 

Sweety r